Les TMS chez les coiffeurs : risques, conséquences et prévention

La coiffure est un métier passionnant mais physiquement exigeant.

Dès le début de leur carrière, les coiffeurs sont exposés à des troubles musculo-squelettiques (TMS) – c’est-à-dire des douleurs et pathologies affectant les muscles, tendons, articulations ou nerfs.

Ces affections sont très fréquentes dans la profession : en France, les TMS représentent près des trois quarts des maladies professionnelles reconnues chez les coiffeurs.

Il est donc essentiel de comprendre d’où viennent ces risques, quelles parties du corps sont touchées, quelles peuvent être les conséquences, et comment les prévenir par de bonnes pratiques dès l’apprentissage du métier.

Principaux facteurs de risque du métier de coiffeur

Plusieurs facteurs liés aux conditions de travail en salon de coiffure favorisent l’apparition des TMS

  • Postures prolongées et contraignantes – Rester debout de longues heures, parfois dans une position figée, le dos courbé ou la tête penchée en avant, avec un bras souvent levé pour coiffer, constitue une contrainte musculo-squelettique importante. Ce maintien prolongé de postures inconfortables augmente le risque de douleurs.
  • Gestes répétitifs et soutenus – Effectuer continuellement les mêmes mouvements (coups de ciseaux, brushings, utilisation du sèche-cheveux) sollicite intensément les muscles et les tendons, sans leur laisser le temps de récupérer. Ces gestes répétés, combinés à la vitesse d’exécution exigée en salon, peuvent provoquer des micro-traumatismes qui s’accumulent au fil des jours.

  • Matériel ou mobilier inadapté – Un équipement non ergonomique (par exemple, un siège client non réglable en hauteur, un bac de lavage trop bas, des ciseaux mal conçus ou un sèche-cheveux lourd) oblige le professionnel à fournir des efforts supplémentaires ou à adopter de mauvaises postures sur la durée. À terme, cela fatigue excessivement certaines articulations.

  • Rythme de travail et fatigue – L’enchaînement de clients sans pauses suffisantes, le piétinement dans un espace restreint tout au long de la journée, ainsi que la fatigue générale et le stress, contribuent également à l’apparition des TMS en aggravant la tension musculaire. Sans temps de repos pour récupérer, les tissus sollicités ne peuvent pas se réparer correctement.

Zones du corps les plus touchées

Plusieurs parties du corps sont particulièrement sollicitées en coiffure, et donc sujettes aux TMS :

  • Dos (région lombaire) – Sollicité par la station debout prolongée et les flexions vers le lave-tête ou vers le client, le bas du dos est une zone très souvent douloureuse chez les coiffeurs. Selon une étude, environ 30 % des coiffeurs déclarent des troubles musculo-squelettiques affectant le dos dans le cadre de leur travail. Cou et épaules – La nuque et les épaules supportent le poids des bras maintenus en l’air et les postures penchées vers l’avant lors des coupes ou des shampoings. Cela se traduit fréquemment par des tensions cervicales et des douleurs aux épaules sur le long terme. On estime qu’environ 40 % des coiffeurs souffrent de douleurs au niveau du cou, des épaules ou des bras liées à leur activité.

  • Poignets et mains – Ce sont les membres les plus exposés. Les mouvements incessants de coupe, de peigne et de brushing, combinés à la manipulation d’outils vibrants, provoquent régulièrement des douleurs aux poignets et aux doigts (picotements, engourdissements…). Près de la moitié des TMS reconnus chez les coiffeurs sont localisés sur les poignets, mains ou doigts, signe de la forte sollicitation de ces articulations.

  • Jambes et pieds – La station debout prolongée peut engendrer des douleurs dans les membres inférieurs : sensation de jambes lourdes en fin de journée, gonflements des pieds, voire troubles veineux (varices) sur le long terme. L’absence d’appui ponctuel (repose-pieds) et le piétinement accentuent ces inconforts. Il n’est pas rare que les coiffeurs ressentent une grande fatigue dans les jambes après une journée de travail.

Conséquences potentielles sur la santé et la carrière

À court terme, la répétition de gestes et postures inadéquats se traduit par des douleurs localisées (par exemple, un mal de dos après une journée passée debout, ou des fourmillements dans le poignet après de multiples coupes). Si aucune correction n’est apportée, ces troubles initialement bénins peuvent s’aggraver et devenir chroniques. On voit apparaître des pathologies installées telles que des tendinites (à l’épaule, au coude ou au poignet), des inflammations articulaires ou des syndromes de compression nerveuse comme le syndrome du canal carpien au poignet. À force de solliciter les mêmes zones jour après jour, une usure prématurée peut s’installer (par exemple de l’arthrose cervicale ou lombaire chez des coiffeurs relativement jeunes).

Au-delà de la douleur, les TMS s’accompagnent souvent d’une diminution de la force musculaire ou de la mobilité articulaire, rendant certains gestes professionnels difficiles.

 Dans les cas sévères, ces affections peuvent devenir très invalidantes – on pense aux lombalgies chroniques rebelles, aux épaules « bloquées » ou aux coudes douloureux qui empêchent de tenir un sèche-cheveux.

Les conséquences professionnelles sont alors majeures : arrêts de travail à répétition (une maladie professionnelle dans la coiffure entraîne en moyenne plus de 200 jours d’arrêt maladie, perte de productivité, et parfois la nécessité de se reconvertir. Chaque année, on recense des coiffeurs contraints d’abandonner leur métier en raison de troubles musculo-squelettiques devenus trop handicapant – un lourd préjudice qui aurait pu être évité par la prévention. À ce titre, les TMS constituent la première cause de maladies professionnelles dans ce secteur et représentent un enjeu de santé au travail primordial.

Prévention et ergonomie : protéger sa santé dès le début de carrière

La bonne nouvelle, c’est que la plupart de ces troubles peuvent être évités ou atténués par une démarche de prévention adaptée. Il est crucial d’adopter dès le début de sa carrière de coiffeur les bons réflexes en matière d’ergonomie et de postures de travail. Les organismes spécialisés recommandent d’intégrer ces notions directement dans la formation des apprentis coiffeurs. En effet, informer les jeunes professionnels sur les risques et leur enseigner les gestes appropriés dès l’apprentissage – par exemple, comment se tenir correctement ou ajuster son poste de travail – est un gage de prévention efficace des TMS sur le long terme.

Exemple de bac de lavage ergonomique permettant au coiffeur de garder une posture droite sans tendre les bras, réduisant ainsi le risque de TMS. Ces équipements ajustables en hauteur offrent une zone de confort pour le dos, les épaules, les bras et les jambes du professionnel.

De manière générale, plusieurs principes de prévention peuvent être appliqués dès les premières années d’exercice :

  • Aménager le poste de travail : régler la hauteur du fauteuil client et du bac à shampoing en fonction de sa taille, afin de ne pas avoir à se pencher excessivement. Il est recommandé d’utiliser un tabouret de coupe réglable pour pouvoir s’asseoir occasionnellement et reposer son dos, ainsi qu’un repose-pieds pour soulager les membres inférieurs lors des phases debout prolongées.

  • Utiliser du matériel ergonomique : choisir des outils légers et conçus pour réduire la pénibilité. Par exemple, des ciseaux ergonomiques (sans anneaux ou à poignée spéciale) limitent les torsions du poignet, et un sèche-cheveux allégé (idéalement moins de 400 g) réduit la tension dans le bras. De même, veiller à l’entretien du matériel (ciseaux bien affûtés, tondeuses en bon état) évite d’avoir à forcer lors des gestes techniques.

  • Adopter de bonnes postures et rythmer l’activité : travailler autant que possible le dos droit et les bras près du corps (par exemple, lors du shampooing, garder les coudes à hauteur du bassin plutôt que levés. Il est important d’alterner les tâches tout au long de la journée (coupe, brushing, encaissement, rangement…) pour ne pas solliciter constamment les mêmes groupes musculaires. Des pauses courtes et régulières sont également conseillées : s’étirer, détendre les épaules et les mains quelques minutes entre deux clients permet de réduire la fatigue accumulée.

Des modules à venir pour chaque partie du corps

Cet article introductif pose les bases de la prévention des TMS dans le milieu de la coiffure. Les modules suivants du programme aborderont, zone par zone, les problèmes spécifiques et les solutions concrètes pour préserver votre dos, soulager vos épaules et votre nuque, prévenir les tendinites du poignet, ou encore éviter les jambes lourdes. En appliquant dès maintenant ces conseils et en restant attentif aux signaux de votre corps, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour faire rimer carrière de coiffeur avec bien-être et longévité professionnelle.

About the author : admin4985

Leave A Comment

Subscribe to newsletter

Insider offers & flash sales in your inbox every week.

Latest videos

Join our mailing list today

Insider offers & flash sales in your inbox every week.

Curabitur non nulla sit amet nisl tempus convallis quis ac lectus dolor sit amet, consectetur adipiscing elit sed porttitor lectus.